N°1 : "Les quatre livres d'Albert Dürer..." (1557)
Le célèbre peintre et graveur Albrecht Dürer (1471-1528) publie en 1528 un livre sur les proportions du corps humain qui va influencer plusieurs générations d’artistes.
Le livre
L’exemplaire possédé par la Médiathèque de Vienne est sans aucun doute une rareté. Il s’agit de la traduction en français éditée en 1557 d’une oeuvre majeure dans l’histoire de l’art écrite par un personnage illustre, Albrecht Dürer. Albrecht Dürer (1471-1528) était un dessinateur, un graveur et un peintre allemand, l’un des plus célèbres de son temps. Il a laissé une multitude d'oeuvres conservées aujourd'hui dans les plus grands musées du monde. En 1528, année de sa mort, il publia un livre qui a influencé l’histoire de l’art et inspiré des générations d’artistes, un traité de dessin sur les proportions du corps humain, intitulé Hierinn sind begriffen vier bücher von menschlicher Proportion…, dont le titre traduit en français est : Les quatre livres d’Albert Durer, Peinctre et geometrien très excellent, de la proportion des parties et pourtraicts des corps humains.
Albrecht Dürer, "Autoportrait à la fourrure", 1500, Munich, Alte Pinakothek.
La Médiathèque de Vienne possède l’un des exemplaires de la version française de cette œuvre. Il est classé dans la réserve à la cote B 837. Cette édition parisienne de 1557 est le fruit du travail d’un traducteur lyonnais, Louis Meigret.
Le texte traite à la fois de dessin et de géométrie, il s’adresse de façon claire directement au lecteur.
Plusieurs gravures donnent des indications sur la façon de représenter le corps humain.
Plusieurs propriétaires
Le livre conservé a Vienne présente une particularité que les autres exemplaires de la même édition n’ont pas : l’ex-libris d’un sculpteur, Benoît Esthivent. Celui-ci a laissé sa trace en plusieurs endroits du livre, et en premier lieu, sur la page de titre sur laquelle on peut lire : « Benoist Esthivent, escoulpteur 1667 ».
Nous avons donc l’identité, l’époque, et la profession d’un possesseur.
Première analyse :
L’activité du propriétaire est directement liée à l’usage du traité de Dürer. On imagine bien Benoit Esthivent étudier la géométrie et les proportions du corps humain pour sculpter, d’autant plus qu’il a laissé des notes de travail dans d’autres pages :
Deuxième analyse :
Le traité de Dürer a été utilisé à des époques différentes, par Esthivent (en 1667, alors que le livre a été édité en 1557), et par un autre possesseur qui a laissé sa signature également sur la page de titre.
Compte tenu de la calligraphie, la personne qui a signé de son nom (peut être « Sirand »), a vécu au 17e siècle ou au 18e.
Enfin, une troisième marque d'appartenance s'ajoute aux deux autres : le tampon de la bibliothèque de Vienne qui est donc le dernier possesseur en date de cet exemplaire. Son iconographie, qui représente la silhouette du Temple d'Auguste et de Livie, rappelle l'époque où la bibliothèque était installée dans le monument (années 1840) jusqu'à ce que ce dernier ne soit restauré.
Des recherches dans les archives du service « bibliothèque de Vienne » pourraient éventuellement permettre de dévoiler la date d’entrée de ce précieux livre dans les collections de la ville. Nous en saurions ainsi un peu plus sur le parcours d’un document qui a traversé cinq siècles pour parvenir jusqu’à nous.