Virginie D – Bibliothèques de Vienne

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    Coup de ♥ des bibliothécaires

    Dans ce roman graphique qui joue sur l'économie de mots pour mieux évoquer les émotions par les dessins, la narratrice raconte la maladie puis la mort de son père : comment toute la maisonnée, la mère, le frère, la sœur, est soumise à cet évènement, comment la communication n'arrive pas à se faire entre des êtres si proches, même au pire de la maladie, comment la réalité est si injuste et cruelle qu'elle paraît irréelle, incroyable. Jamais larmoyante, cette histoire est décalée, presque drôle, et toujours l'absurde y confine au poétique. On retrouve ici toute la délicatesse qui caractérise Marion Fayolle.

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    Maud Ventura nous plonge à travers un récit haletant dans le monde impitoyable de l'industrie musicale, du luxe, des réseaux sociaux. Tout y est tellement faux qu'on a du mal à croire que c'est vrai : la star est prise dans un tourbillon enchanteur, acide, cruel, féroce. Elle s'en accommode très bien, mais nous, on a la nausée... Une chose est sûre, c'est qu'après avoir refermé ce livre, vous n'aurez qu'une angoisse : devenir célèbre !

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    Coup de ♥ des bibliothécaires

    Alessandro Pignocchi est un grand admirateur de l’anthropologue Philippe Descola, qui a étudié les
    indiens jivaros. Philippe Descola pose l’hypothèse que, si les Jivaros sont si différents de nous, si leurs
    critères de bonheur et d’harmonie sociale nous paraissent absurdes, c’est que leur perception du monde
    n’est pas la nôtre. Plus précisément, que leurs outils de composition du monde sont différents des nôtres :
    ainsi, la différence entre nature et culture n’existe pas chez les Jivaros, aucun mot ne désigne le concept
    de « nature » ; pour ces Indiens, les plantes et les animaux sont des êtres vivants, au même titre que les
    humains. C’est pourquoi ils considèrent que tous sont dotés d’esprits. Pour les comprendre, il est donc
    nécessaire que nous procédions à une mise à distance de nos propres outils de composition du monde, afin
    de ne pas les juger avec des références qui n’appartiennent qu’à notre monde...
    Dans cette bande dessinée, Alessandro Pignocchi a voulu « prolonger ce mouvement de mise à distance en
    imaginant à quoi ressemblerait le monde si l’on empruntait quelques outils de composition aux Jivaros ».
    Le résultat est absurde, tordant : la réunion du G20 se passe au cœur des montagnes : les participants,
    assis en tailleur, se préoccupent de l’avenir du grèbe huppé ; le Président de la République passe le relais à
    son Premier ministre réincarné en concombre de mer, le président russe se marie avec une papaye... Une
    lecture facile et drôle, de belles aquarelles pour comprendre simplement qu’on ne peut pas tout
    comprendre, et qu’à partir de ce moment-là, la tolérance s’impose !

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    Kim Stanley Robinson, géant de la littérature SF américaine, livre dans ce gros roman un essai d’anticipation à court terme (l’action débute en 2025) qui fait froid dans le dos, tout en nous laissant une (certes naïve) lueur d’espoir.
    L’auteur ne nous livre pas qu’une fable romantique et idéaliste (et communiste !) : la plupart de ses idées sont très construites, les ressorts économiques sont précis, les arguments scientifiques. Malgré quelques maladresses de vraisemblance, et une bizarre attirance pour la Suisse, pays si contradictoire décrit comme idéal, le monde dépeint se tient, et nous laisse espérer un avenir meilleur…. A condition d’agir.
    Une lecture indispensable pour se projeter dans notre futur immédiat, pour le meilleur et pour le pire. Retour à la réalité en refermant le livre : et maintenant, on fait quoi ?

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    Le Jour et l’Heure, ce sont ceux de la fin. Le Jour et l’heure, c’est un roman terrible de Carole Fives, une histoire atroce et qui pourtant gagnerait à devenir une banalité pour nombre de familles. L’histoire (tirée d’une histoire vraie) d’une famille lyonnaise qui se rassemble pour un dernier voyage, celui qui doit accompagner la mère vers sa destination finale. C’est triste mais ça ne l’est pas : c’est un choix, c’est un acte de liberté pour celle qui prend cette décision, c’est une formidable preuve d’amour pour ceux qui l’accompagnent. C’est l’histoire d’une douleur qui se construit et qui s’accepte, parce qu’elle est bien plus digne que la fin que lui aurait autorisé la médecine française aujourd’hui.

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    Je finis « Naufrage » de Vincent Delecroix et j'ai la nausée. Pourtant j'en ai lu des récits de naufragés, de migrants, de misère et de souffrance. Je finis « Naufrage » de Vincent Delecroix et je pleure.

    Est-ce parce que ce week-end, au moment même où je le lisais, un énième radeau a chaviré et ses occupants - ceux qui ont survécu et ceux qui sont morts - se sont retrouvés sur la digue de Wimereux ? Ils sont 182 à avoir été secourus côté français cette nuit-là. 5 sont morts. 14, 16, 24, 26 ans… 30 000 à avoir traversé la Manche l'an passé, près de 45 000 l'année précédente… Vertige. Est-ce normal de mourir noyé, quand on a 14 ans et qu'on est Syrien, quelque part entre la France et l'Angleterre ? De s'échouer au pied de jeunes du même âge qui font la fête sur la digue ?
    Ou bien est-ce parce que ce livre pose la question du Mal et de son camp, si camp il y a ; parce que ce livre pose la question de notre naufrage à tous ? Le naufrage de notre société individualiste, cupide et court-termiste ? Oui je sais je suis idéaliste… Et alors.
    Nous n'irons plus à Wimereux, mais les promeneurs du dimanche sur la digue n'ont pas fini de les voir passer, de les voir s'échouer, ces gens qui veulent juste vivre comme nous le voulons tous. Parce qu'il n'y a aucun autre modèle de disponible. Parce que nous échouons tous à en construire un différent - le voulons-nous ?

    Je suis en colère, et j'ai la nausée.
    Mais c'est pour ça qu'on lit : pour savoir, et pour être dérangé.

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    Voilà un livre pour les amis corses et les autres – ceux qui aiment la Corse mais n’y comprennent pas grand’chose (c’est-à-à-dire, à peu près tout le monde).

    Loin de la figure romantique du bandit corse, qui perdure depuis le goût pour l’exotisme de la littérature de la deuxième moitié du XIXème siècle, Antoine Albertini nous dépeint une société traditionnelle corse où le bandit est avant tout un bandit, c’est-à-dire un criminel, et où le commun des mortels subit la loi implacable de la vendetta, de l’omerta, et de la terreur. On y comprend mieux l’âme corse, on y comprend mieux aussi le rôle des autorités du continent dans l’évolution d’une société à qui l’on a longtemps accordé un régime judiciaire d’exception – mais si une justice n’est pas la même pour tous les territoires, alors ce n’est plus une justice, et localement, on a recours à d’autres pratiques pour régler les affaires... Jamais l’auteur ne juge, n’accuse, n’excuse ni ne dénonce, ce qui fait de ce roman une lecture douce et subtile malgré les horreurs des crimes : on ne se sent pas interpellé, on ne se sent pas obligé de prendre parti ; on se laisse juste embarquer, au plus profond du maquis, sur les plateaux herbeux isolés ou dans les plages secrètes de la superbe île. A noter que tout est extrêmement documenté, puisque l’auteur s’inspire de personnages et de faits réels. Après ça, on a qu’une envie : y aller, ou y retourner !

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    Stephen Markley nous plonge avec un talent certain dans l'Amérique d'aujourd'hui ; il nous permet de comprendre le traumatisme du 11 septembre, les réactions d'après, le va-t-en guerre général et les quelques-uns qui sont contre, les ravages de l'alcool et de la drogue, combien la religion est omniprésente chez les Américains, et on voit se dessiner le mécanisme qui mènera jusqu'à l'élection de Trump. Et après, on comprend aussi que l'ère du trumpisme n'est pas finie...
    Ces portraits-là sont dignes d'une comédie humaine du XXIème siècle. Et l'auteur nous surprend encore, en faisant converger les parcours des individus pour former la trame d'un roman noir qu'on ne peut plus lâcher.

    Un récit de vies qui ferait un scénario parfait pour une adaptation par Clint Eastwood ! Clint, si tu
    me lis...

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    Vous n’avez pas Netflix ? Offrez-vous cette série culte en venant l’emprunter à la médiathèque ! Oui, il paraît que tout n’est pas vrai… Mais qu’importe, on est immédiatement captivé par cette histoire terriblement humaine d’une famille royale britannique réputée pour son inhumanité. Parcourant plus de cinquante ans du règne d’Elizabeth II, on vit aux côtés de la Reine les affres, la solitude, le décalage, les obligations, les honneurs du pouvoir, sans jamais pouvoir se laisser aller à son ivresse, car se pose sans relâche pour ceux qui s’y trouvent projetés la question de leur utilité et de leur paradoxale impuissance.