ROMAN SF

Un très beau conte moderne sur la quête des origines et les liens entre soeurs, emprunt de magie. Je me suis tout de suite laissée embarquée par cette histoire racontée par un narrateur mystérieux (qui se dévoile un peu avant la fin), rencontré dans un salon de thé peu commun, où les tasses semblent voler. Un roman que je conseille sans hésitation à tous les amateurs de thé, de fantômes, de sorcières et aux autres.

Si vous avez aimé Capitale du Sud du même auteur, son nouveau roman vous plaira assurément. Renouant avec un univers en miroir, mélangeant fiction et réalité, jusqu’à créer une nouvelle version de notre monde, Chamanadjian sait toujours aussi bien manier les mots. Suivre les aventures de Johann, étudiant en médecine obstétrique et ciroplaste (sculpteur de cire) au cœur de la cité de Schattengau, est un véritable plaisir.
La légèreté de l’écriture, et la facilité dans laquelle on se retrouve plongé dans l’univers rend la lecture encore plus agréable. Une belle échappée dans un monde aux relents d’été.

Kim Stanley Robinson, géant de la littérature SF américaine, livre dans ce gros roman un essai d’anticipation à court terme (l’action débute en 2025) qui fait froid dans le dos, tout en nous laissant une (certes naïve) lueur d’espoir.
L’auteur ne nous livre pas qu’une fable romantique et idéaliste (et communiste !) : la plupart de ses idées sont très construites, les ressorts économiques sont précis, les arguments scientifiques. Malgré quelques maladresses de vraisemblance, et une bizarre attirance pour la Suisse, pays si contradictoire décrit comme idéal, le monde dépeint se tient, et nous laisse espérer un avenir meilleur…. A condition d’agir.
Une lecture indispensable pour se projeter dans notre futur immédiat, pour le meilleur et pour le pire. Retour à la réalité en refermant le livre : et maintenant, on fait quoi ?

Et si les mots et les langues étaient considérés comme une richesse, qui pourrait être exploitée par les puissants au détriment des peuples dont ils sont issus ?
Une histoire qui revisite l’apogée du colonialisme anglais et qui plaira aussi bien aux amateurs de littérature fantastique que de littérature tout court. Un roman atypique qui a mérité ses nombreux prix et un coup de cœur de ma part.

Ce classique de la science-fiction décrit le destin de Charles Gordon, 32 ans, souffrant de retard mental, bouleversé quand il devient le cobaye d’une expérience scientifique. Il subit une opération au cerveau qui multiplie par 3 son QI, à l’instar du cobaye précédent, Algernon, petite souris de laboratoire. Devenant un surhomme, doté de capacités intellectuelles supérieures, il se heurte à un retard émotionnel, qui n’a pas suivi son évolution cérébrale. Ses relations sociales en sont impactées.
Ayant reçu le prix Nebula l’année de sa publication, en 1966, ce livre démontre le fonctionnement de l’intelligence humaine dans un style épistolaire, au travers des comptes rendus du héros. Ce livre questionne ce qu’est l’intelligence et son fonctionnement.

Un voyage qui débute sur la planète Tasaï, un monde du Flux, dans les monts d’automne, où l’on va suivre Kaori, jeune femme élevée par sa grand-mère au sein d’une société inspirée par le Japon médiéval, dans laquelle l’écrit est banni, et le Dit, don des conteurs, tient une place éminente.

Qu’on ne s’y trompe pas, Quitter les monts d’Automne débute comme un roman initiatique proche de la fantasy, mais Emilie Querbalec nous livre un excellent roman de science fiction, beau et cruel parfois, porté par une écriture fluide et poétique.

Une riche famille de l’Alabama, les Caskey, voit débarquer pendant une crue une étrange femme prénommée Elinor, qui contre l’avis du clan va rapidement épouser le jeune Oscar Caskey. A partir de cet épisode, la vie de cette famille pas comme les autre va se dérouler sur tout le 20ème siècle, traversant les deux guerres, la grande dépression mais aussi tous les événements familiaux qui chez les Caskey sont toujours étranges : mariages cachés, échange d’enfants au sein du clan, décès… Petit à petit, les personnages se révèlent, le pouvoir change de maison, les alliances se font et se défont, et des épisodes inexpliqués font leur apparition. Cette saga met aussi en avant des femmes, qui à une période où elles ont en général peu de place dans la société, sont pourtant les meneuses du clan Caskey et choisissent librement la vie qu’elles veulent vivre.
Pour la petite histoire, la saga a été écrite dans les années 80, et les 6 volumes publiés chaque mois comme un feuilleton. Inédite en France, elle a été traduite en 2022 et publiée par Monsieur Toussaint Louverture sous le même format.